Automobilistes excédés, révolutionnaires et disposant de Kalachnikovs.

Publié le par laurence

On a d’abord cru que les sabotages de radars étaient une réaction d’automobilistes excédés qui prenaient un malin plaisir à détruire l’objet de toutes leurs contraventions. D’ailleurs qui n’a pas eu envie de saccager un radar après avoir perdu trois points et la moitié de sa fortune pour avoir roulé à 131 km/h au lieu de 130 ?

On a d’abord cru à un mouvement de désobéissance civile, un peu comme ceux qui arrachent des plants d’OGM, détruisent les panneaux publicitaires, libèrent les lapins enfermés dans les labos…Bref un mouvement qui essayait de résoudre de manière directe le problème du pouvoir d’achat.

Et voilà qu’on apprend que, après huit et presque dix attentats contre des radars, ces énergumènes sont surveillés de près par la SDAT (sous-direction de l’antiterrorisme).

Et voilà surtout qu’on apprend que ces énergumènes ne sont pas simplement des automobilistes excédés, mais qu’ils constituent la FNAR, Fraction Nationaliste Armée Révolutionnaire. En bref ce sont des automobilistes excédés, doublés de révolutionnaires possédant des AK-47.

Voici l’intégralité du communiqué qu’ils ont adressé à plusieurs reprises au Ministère de l’Intérieur avant de l’envoyer à Paris Match.

 

« FRACTION NATIONALISTE ARMEE REVOLUTIONNAIRE

Pourquoi faisons-nous sauter les radars ?

Tout d’abord, nous tenons à dire que nous assumons entièrement nos actes et la qualification de « terroristes », nous ne la considérons pas comme péjorative (un terroriste devenu chef d’état, pour ne pas citer, a bien été accueillis en grande pompe à l’Elysée). Dans certains cas, cette forme de lutte est tout à fait justifiable ; car quand un gouvernement met tout en œuvre pour ruiner culturellement et économiquement un peuple qui l’a élu, berné par de fausses promesses, la rébellion n’est plus un droit mais un devoir. Nous avons donc commencé notre guérilla en choisissant pour cible ces radars automatiques, symboles d’une répression forcenée, qui n’ont pour but que de remplir les caisses de l’état, installés par une fallacieuse politique de sécurité routière. Malgré les huit destructions par explosifs et les deux manquées, le gouvernement ne nous a pas pris au sérieux et, de ce fait, nous serons contraint de choisir des cibles plus dangereuses pour les personnes et d’utiliser des appareils aux capacités plus vulnérantes. Notre actuelle motivation principale n’est pas, comme beaucoup le pensent, la remise d’une rançon mais une baisse conséquente de la fiscalité, qui pourrait rehausser le maigre pouvoir d’achat des Français. Nous avons effectivement imposé au gouvernement le paiement d’un impôt révolutionnaire de quatre millions d’euros (la parodie de l’arroseur arrosé – ou du racketteur racketté) mais le but de notre combat n’est en rien mercantile. Tant que nos politiciens continueront de répartir notre patrimoine économique de manière inadéquate, de piller les classes travailleuses, de permettre aux grands groupes industrielles de délocaliser (ruinant par cela des régions entières), tant que nous ne constaterons pas une amélioration perceptible de la qualité de vie des Français, nous continuerons notre combat.

Voici l’énumération de nos principales revendications :

-         la suppression des radars automatiques, moins de répression envers les automobilistes et un véritable programme politique de responsabilisation des conducteurs.

-         Une baisse progressive et perceptible de l’ensemble de la fiscalité (impôts sur le revenu et locaux, taxes sur le carburant, etc…il n’y a que l’embarras du choix).

-         Un contrôle étatique sur le prix des produits de première nécessité et sur les loyers.

-         Le pouvoir du gouvernement sur le patronat et non pas l’inverse comme cela l’est actuellement ainsi qu’une obligation de transparence sur la santé financière des grands groupes industrielles.

-         L’arrêt totale de l’immigration et le renvoi de tout les clandestins (nous ne sommes pas racistes mais nous pensons que la France doit conserver celte et gréco-romaine ainsi que sa prédominance religieuse chrétienne). Nous ajoutons à cela que les résidants des départements et territoires d’outre-mer sont français à part entière et que la couleur de la peau est sans importance.

-         Un grand programme de relancement de la natalité française.

Le 07/03/2008

R. Le commanditaire de la FNAR »

 

Toutes les fautes d’orthographe sont d’origine.

 

Voilà donc le genre de discours que peut pondre l’automobiliste excédé, nationaliste, révolutionnaire et équipé d’explosif. Un discours tellement embrouillé que les enquêteurs de la SDAT ont du mal à savoir s’il s’agit d’un groupe d’extrême gauche ou d’extrême droite. D’après ses revendications, son nom et même son logo, la FNAR pourrait vraisemblablement appartenir au mouvement nationaliste révolutionnaire, mouvement lui-même assez dur à cerner. Pour leurs détracteurs, les nationalistes révolutionnaires sont affiliés au FN, mais les militants eux-mêmes se positionnent plutôt à l’extrême gauche. En fait, s’il est si dur d’appréhender cette mouvance selon des schémas classiques, c’est que les nationalistes révolutionnaires prônent une troisième voie (Bayrou si tu nous lis) ou « tercérisme », alliant une vision nationaliste et socialisante de la société. Ils ne sont pas à proprement raciste, comme ils cherchent à le prouver avec l’argument super sioux des DOM-TOM, mais plutôt différentialistes. Le but ultime des NR est de créer un grand empire européen socialiste, ni libéral, ni communiste, qui respecterait les différences culturelles et chercherait à les préserver.

Leurs personnalités de référence sont Joseph Proudhon (« la propriété c’est le vol »), Juan Perón (ancien président argentin et fondateur du parti justicialiste dont est ici l’actuelle présidente, Cristina Kirchner), Otto Strasser (aile gauche du nazisme à qui l’on doit cette formidable citation : « Nous prendrons à droite le nationalisme sans le capitalisme auquel il est en général lié et à gauche le socialisme sans l'internationalisme marxiste qui est un leurre (...) Le national-socialisme devra être surtout un socialisme. »).

 Tout est dit.

En faisant le rapprochement avec le nationalisme révolutionnaire, on comprend mieux les déclarations apparemment contradictoires de la FNAR, allant de la volonté de préserver les racines chrétiennes et celtes du pays, à celle de contrôler les prix et le patronat.

 

Bref, espérons que la seule kalachnikov que possède la FNAR est celle qui orne leur logo. FNAR.JPG

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L
Bien le bonsoir à vous aussi même si le sens de votre commentaire m'échappe complètement!
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F
Merci mademoiselle de me citer, j'en ai bien besoin!moi c'est plutot aimèrpisme plutot que tercérisme...bien le bonsoir du Sud Ouest
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